Sommes-nous
prêts pour le choix ?
Les prochaines échéances électorales, qu’il
s’agisse des municipales, des législatives ou des présidentielles, nous
mettrons en face d’une nécessaire transition générationnelle. L’œil attentif
aura bien compris que la question de pose de plus en d’une manière naturelle. La
situation est telle qu’en parler devient profane. Les différentes crises que
connaissent les partis politiques ivoiriens en disent long sur la nécessaire
transition.
Sans être un spécialiste, un politologue
de grandes universités, notre pauvre expérience quotidienne et connaissance du
contexte politico-culturel nous laisse présager un autre moment crucial de
notre histoire commune à l’horizon 2020. Je ne suis ni prophète ni diseur de
bonne aventure. Je ne vais donc pas être éloquent sur l’aspect militaire et
sécuritaire, quoique, il me semble, la transition pourrait se faire à ce niveau
aussi. Mon intérêt se porte sur la
manière dont cette transition est en train d’arriver et le rôle que la jeunesse
ivoirienne doit jouer pour rendre cette transition véritable. Nous arrêterons,
dans ce petit texte, sur l’aspect stratégique de cette transition.
Ne nous voilons pas la face, nous sommes
bien loin de ce qui nous avait été promis. Mais des efforts ont été faits pour
essayer de changer qualitativement le vécu des ivoiriens. Mais force est de
constater que l’émergence annoncée est loin de se réaliser à 15 mois de l’échéance
annoncée. Ce qui m’intéresse c’est l’inquiétant silence de la jeunesse
ivoirienne et le manque de ‘’courage’’ dont elle fait preuve. Au moment où le
président est en train d’annoncer pour 2020 un passage de relais entre les
générations, les jeunes restent dans les mêmes perspectives de soutiens à tel
ou tel parti. Or, ces partis qui se ridiculisent et se délégitiment ont montré leur faiblesse et
surtout la faiblesse de leur projet de gouvernement axé essentiellement sur du
rattrapage et non du partage. Le moment est donc opportun de dire non, et d’exiger
une véritable alternance. De quoi parlons-nous ?
Il faut voir la ruse. Nous sommes tous
conscients que l’heure est venue pour que le ‘’tricéphalisme’’ politique actuel
qui tourne entre les héritiers d’Houphoüet à savoir Henri Konan Bédié, Laurent
Koudou Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara, cesse. Mais la ruse, est de nous
faire croire qu’effectivement la triade de leaders s’en ira en 2020, et que le
pouvoir passera entre de nouvelles mains. Soit, mais lesquelles ? C’est
ici une des questions majeures. L’autre question encore plus importante, est de
savoir, si le changement de mains s’accompagnera de changement de paradigme. En
fait, si c’est pour garder le contenu de la politique et juste changer la forme
comme on change de costume et de maquillage dans une tragédie, alors il n’y ni
changement ni transition, mais juste reformulation. Or c’est justement ce qui
pourrait arriver en 2020. Deux scénarii pourraient ainsi se réaliser :
soit ceux que nous appelons ‘’les vieillards’’ quittent le pouvoir et laissent
la place à de vrais jeunes dont ils ont pris le soin de s’assurer de leur
endoctrinement dans la Françafrique, soit, l’actuelle figure tricéphale qui a
dominé la scène politique ivoirienne s’efface en laissant la place à d’autres
vieux de leur génération et qui seraient ainsi des ‘’vieux-jeunes’’. Dans tous
les cas, l’attentif aura compris, rien n’aurait changé. Car le changement
idoine n’est pas celui de face, mais celui de fond. Il faut surtout changer le
paradigme en opération aujourd’hui. Surmonter le hiatus créé par la crise
post-électorale et agrandi par la chasse aux sorcières, par la promotion et l’émergence
d’un esprit national marqué par la philosophie participative, collectivement
correcte, et inclusive !
Ce qu’il faut changer, ce n’est donc par
le visage qui incarne le pouvoir, mais l’utilisation fait du pouvoir. La jeune
ivoirienne doit donc se réveiller et se préparer à cette échéance qui approche.
Se défaire de l’endoctrinement, prendre un recul objectif et critique vis-à-vis
des programmes proposer et distinguer les loups des brebis. Ce courage-là, il
va falloir le trouver, au fond de nos tripes et dans la dureté de notre
quotidien. Personne ne libère personne et dans ce sens les promesses sont
vaines. Mais c’est ensemble, qu’on se libère sans devoir rien à personne, mais
à la communauté.
Si l’on veut donc faire de l’entrepreneuriat
jeune, de la sécurité sociale et de l’emploi des réalités, des faits
vérifiables en Côte d’ivoire, il va falloir être attentif et aviser. Ne pas
suivre tel parce qu’on est sûr de sa victoire, mais voter pour tel projet par
qu’on est convaincu de son efficacité peu importe la personne qui l’incarne,
fusse-t-elle une femme, un jeune ou un ‘’vieillard’’. Le plus important c’est
le programme, la stratégie que celui-ci adopte et le type de liberté qu’il
appelle. Il faut donc rester vigilant devant l’arnaque électorale dont on ne
prend conscience qu’après coup. Sortir
de l’effet de groupe et être capable de faire un choix responsable.
Au niveau des élections locales, le plus
grand défi demeure l’ethnocentrisme. Il nous pousse à l’aveuglement de l’esprit
qui fait que, entre un autochtone et un allogène le choix se portera
généralement sur l’autochtone, sauf si, dans la circonscription électorale, les
allogènes sont en plus grand nombre. Cette épine est la plus difficile à
enlever de la colonne vertébrale sociale. Cela est dû certes à une certaine
immaturité démocratique, mais surtout à une entorse faite aux cultures et
traditions africaines. On fait comme si c’est naturel que les choses se passent
ainsi en Afrique, comme si nous étions d’un autre monde, d’une autre espèce
humaine. Je veux bien faire le combat pour l’authenticité africaine, mais
attention à ne pas confondre deux choses qui ne se ressemble absolument pas :
authenticité et tribalité. L’authenticité lutte pour l’originalité alors que la
tribalité nie l’originalité. Ce défi-là, celui de passer de la tribalité à la véritable
authenticité est aussi important que les précédents. 2020, nous appelle à
trancher avec audace entre les paradigmes. Et nous devons répondre à cet appel,
non sans prendre le soin de décider, pour nous-mêmes la côte d’ivoire que nous
voulons.
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