Sur un groupe Facebook, on peut lire:"Je suis Dan et fier de l'être", "Dan à 100%", "Dan à 200%", certains même vont jusqu'à 400%. Vous l'aurez compris, il s'agit bien du groupe "les Yacouba ''Dan". Ce sont des déclarations qui donnent de la joie au cœur et du sourire aux lèvres. Savoir que les Dan soient si nombreux et qu'ils puissent se retrouver, de partout le monde sur ce groupe de 22.085 membres, c'est une joie. La joie est d'autant plus grande que ce groupe n'est pas le seul du genre. On note aussi les groupes de "Diaspora Dan", "les Dan des 18 montagnes, "ici c' Danané", "intelligentia (intelligentsia) Yacouba", Fière d'être Yacouba et toi?", pour ne citer que ceux-là qui sont les plus importants en nombre de membres. C'est vrai, je le répète, cela fait chaud au cœur de voir que les Yacouba, fils de Dan, se retrouve. Mais à quelle fin? Qu'est-ce qui peu justifier une telle envie d'affirmer son identité Dan? Pourquoi tenir à faire reconnaître son appartenance à la tribu Dan? Les questions sont tellement d'actualité qu'un internaute à récemment décrié cette tendance en affirmant que pour lui ce n'était pas nécessaire d'insister sur sa fierté à être Dan, c'était comme si les Dan étaient rejetés...
Je veux revenir dans ce petit texte sur ce sentiment général qui anime tout bon Dan ou Yacouba soucieux de renouer avec ses ancêtres: Le sentiment d'être renié comme fils de Dan, Tribu d'Israël. Je veux par ce texte montrer que cet engouement autour de l'identité Dan est un symptôme du malaise d'un peuple qui veut retrouver Les Chemins du Retour au pays natal, sans connaître, toujours, le prix qu'il faudra payer pour cette reconnaissance.
Une petite histoire
Pour l'histoire, pour ceux qui ne le savent pas encore, le peuple Dan fait partie des douze tribus d'Israël et des Dix tribus du royaume d'Israël situé au nord du royaume de Juda (Benjamin et Juda). Le schisme entre ceux deux royaumes a eu lieu après la mort du Roi Salomon. Bref, pendant la première déportation ou le Peuple Dan à migré d'abord vers l'Afrique du nord, puis se séparant d'un groupe parti vers l'Afrique du sud, nous avons suivi le cher du fer vers l'Ethiopie et ensuite vers l'Afrique de l'Ouest, laissant des familles au Niger, au Bénin, au Sénégal, en Guinée, au Libéria et s'est installé dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire actuelle. Entre les montagnes (comme en Israel). ça ce n'est pas moi qui l'invente. c'est des fait historiques et des films on été fait là-dessus par des Franco-Juifs et le Rabbinat Juif a délégué des Rabbin en Côte d'Ivoire pour mener des enquêtes qui ont été plutôt en faveur des Dan. Des questions planent toujours dans l'esprit des plus incrédules, je le sais. Moi aussi, avec l'esprit cartésien je me posais les mêmes questions jusqu'à ce que je regarde ce reportage et que je fasse le lien avec certains des dires de mon grand-père qui est un Gô ou Godol (en hébreux), c'est à dire un patriarche, gardien de la tradition et de la case sacrée. Je mettrai un lien vers le film de Szermann (tribu perdu: les Dan, juifs de Côte d'Ivoire).
La question ne se pose donc plus de savoir si nous sommes juifs ou pas. Mais plutôt est-ce que Israël nous reconnaîtra ou pas? Irons-nous en Israël ou pas? Si oui, à quel prix?
Quelques ambigüités
La question que je me pose c'est de savoir à quelles véritables motivations répond cette envie de renouer avec Israël. est-ce parce que nous voulons vraiment retrouver la terre de nos ancêtres? est-ce parce que nous attendons une certaine aumône de la nation juive? Ou est-ce parce que pour une fois, nous nous sentons spéciaux, meilleurs que ceux qui depuis des années nous martyrisent en Côte d'Ivoire? Je ne saurais répondre ici. Chacun, je le pense, a sa réponse. Mais en vérité, ça ne change rien au fond de la chose: Nous sommes juifs, qu'Israël le reconnaisse ou non, que nous le voulions ou non. Mis à part la tribu Dan en Israël, nous sommes le seul peuple à se faire appeler Dan et mieux encore Yacouba (Yacou, Bha'nou = enfants de Yacou (Jacob) en Yacouba de Man, précisons). Si les preuves Culturelles (le boubou), coutumières (le Saba (Samedi), la circoncision, le veuvage, etc) et linguistiques (Atanaï, Yawê = Adonaï, YHVH (Yahvé) : Noms du Dieu Unique) affluent, la couleur de peau et nos dernières religions (Christianisme, Islam, animisme) joue contre nous. Mais l'argument du métissage joue en notre faveur, et aussi celui de la durée de l'Exil. Si les Falacha ont pu retourner en Israël, nous aussi le pouvons.
Mais à quelle conditions?
Reste le problème de la condition du retour. Israël nous le savons, est réputé pour ne pas vraiment aimer les noirs. en tout cas, plusieurs articles récents reprennent des propos un peu durs de Netanyahou à l'endroit des noirs (immigrés, il faut le préciser). On dira que le fait que nous soyons juif jouera en notre faveur. Je veux bien le croire, mais soyons objectifs. Depuis plus de 20 ans des ainés ont essayé en vain de faire reconnaître les Dan Yacouba par Israël, le gouvernement n'es a pas eu grand chose à faire. Il a fallu recourir au Rabbinat pour voir enfin une délégation venir seulement pour mener des enquêtes sur la véracité de nos dires. Par ailleurs, le problème avec le Rabbinat, c'est qu'il s'agit de la religion juive. Et comme cela a été le cas avec les autres peuples qui ont été reconnu par Israël comme les Falachas, la condition ciné qua non de la reconnaissance est de judaïser. autrement dit, pour être reconnu comme juif, il nous faudra reconnaître et pratiquer le judaïsme au détriment du Christianisme qui est la religion principale des Dan. D'ailleurs, dans le reportage en question, on entend bien les représentants des Dan dire qu'ils sont prêts à pratiquer le judaïsme pour retrouver la terre de leur ancêtres, et pis encore, ils prennent quasiment l'engagement pour nous autres. la question que je me pose est donc de savoir si nous sommes tous prêts à payer le prix qu'il faudra pour être reconnus comme Dan, Fils de Jacob, père d'Israël. Moi, je ne renierai Jamais Jésus-Christ, je n'abandonnerai point le christianisme, fusse même pour être reconnu comme juif. Mais et Toi, serais-tu prêt (e) à payer le prix?
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