Dans
le livre des lamentions, un prophète pleure sur sa ville. Ce livre se situe
dans la première partie de la Bible intitulée « L’ancien Testament » entre
le livre de Jérémie, le prophète en question, et celui de Ezéchiel, un autre
prophète. Ce sont des pleures et des lamentions sur une ville en ruine, dont le fracas des écroulements déchire
sporadiquement le silence des morts qui y sont tombés. Triste réalité pour un
prophète du Seigneur que de voir sa patrie meurtrie à ce point. Grande désolation
pour le peuple de Yahvé qui gémit dans l’agonie. Et le prophète de se souvenir
des promesses faites autrefois et de les rappeler à Yahvé son Dieu. Ce livre là
est l’ancien livre des lamentations écrit plusieurs siècles avant Jésus-Christ.
Dans
le nouveau livre des lamentions, écrit deux millénaires après Jésus-Christ, c’est
toute une génération, tout un peuple qui pleure contre un mur qui est en effet
tout ce qu’il leur reste vraiment. Dans ce livre, l’histoire est une
tragi-comédie. Une rencontre entre Apollon et Dionysos. Déchiré entre l’espérance
et la souffrance, cette génération, a inventé un espoir : le livre. Dans ce
livre qui se présente parfois comme un miroir, leurs faces tristes et maigres
sont gaies et joufflues. Ils y trouvent des histoires comme la leur, de
personnes comme eux. Dans ce livre ils espèrent voir se réaliser enfin les
promesses qui leur ont été faites. Il leur avait été promis du bonheur et de la
liberté, un monde plus beau, plus juste. Mais en vérité, ils sont contrôlés, opprimés
et spoliés de la chose la plus personnelle qui soit : leur intimité. Leur vie
mise à nue, ils ne sommeillent ni ne dorment sans se dévoiler.
Le
comble de l’ironie, c’est qu’ils le font eux-mêmes. L’aliénation est devenue
telle qu’ils pensent le faire d’eux-mêmes, pour leur propre bien. Mais qui a
écrit ce livre ? Quel prophète l’a fait sortir de l’abîme ? Qui a
construit ce mur sur lequel viennent mourir les dernières valeurs ? Qui a
inventé cette pseudo-communauté liberticide ?
Peut-être
toi, peut-être moi, peut-être même personne. Peut-être est-ce aussi le véritable
visage de la causalité, la vraie fille de la science. Nul ne le sait. Et pourtant
ce livre, tous nous l’aimons, tous nous le lisons. Le voilà déjà bourré de nos
visages, et nous prisonniers, quand il nous crie en face : Bienvenu sur FACE-BOOK !
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