Après les indépendances
africaines, les nouveaux présidents, pour alléger la peine des populations qui
ont longtemps souffert sous le poids des travaux forcés ont adopté une
politique. L’Etat était présenté comme le salvateur. Pour se faire aimer des
populations, les leaders ont entrepris de servir et d’agir gratuitement pour la
population, à sa place. Ainsi, l’Etat s’est mis à construire, les écoles, les
marchés, des pompes dans des villages.
Le villageois, voyant le gouvernement faire
tout à sa place, a donc pris l’habitude de lui tendre la main. Les promesses et
les dons faits en périodes électorales n’ont fait qu’aggraver la dépendance des
populations rurales.
Avec le temps, les
gouvernements se sont rendus compte du poids des populations devenues ‘’paresseuses’’
dans les budgets. Dans les années 90, en Côte d’Ivoire par exemple, le FMI a
mis une pression sur le président Félix Houphouët Boigny pour qu’il implique
davantage les populations dans le développement. Mais comment amener les
populations qui ont pris la mauvaise habitude de tendre la main, à donner
elles-mêmes pour le développement local ?
Cette une tâche bien difficile. Selon Friedrich
Nietzsche :
« Le
danger, ici, est que toute chose ancienne et passée, tant qu’elle demeure dans
le champ de vision, finit par être couverte d’un voile uniforme de vénération,
tandis que ce qui ne témoigne pas de respect à ces vestiges, c’est-à-dire tout
ce qui est nouveau et en train de naître, se trouve rejeté et attaqué[1] »
Pour lui en fait, la vénération des du passé et de ses habitudes conduit à
une hostilité au nouveau qui, de ce point de vue, est une irrévérence faite au
passé, à la coutume. De cette manière, quand un projet arrive en zone rurale,
le paysan s’attend à ce que tout soit fait pour lui. S’il doit participer sans
que sa participation ne soit rémunérée, il ne participe pas. Quand le
gouvernement où les ONG finissement le projet, ils doivent s’assurer eux-mêmes
du suivi, car si les ouvrages tombent en ruine, aucun volontariat ne les entretiendra
et ne les réhabilitera. Cette nouvelle conception des choses constitue une
barrière forte contre le développement.
Et pourtant, le village
regorge de mains d’œuvre et de ressources. Ce qui manque, c’est une éducation
adéquate.
Le contenu de la
politique de la gratuité, doit changer de fond sans changer d’apparence. Il faut
donc former, gratuitement les populations à l’initiative et à la participation
collective. Former la jeunesse au volontariat et à l’action citoyenne devient
une nécessité pour changer cette conception des choses, car c’est elle qui
constitue la force de travail qui pourrait être utilisée. Par exemple, lors du
camp bénévole organisé par l’ASBL KOUADY en partenariat avec Jeunes Leaders
Côte d’Ivoire, le Senat des Jeunes de Côte d’Ivoire et bien d’autres
organisations de jeunesse, sous l’œil de la commission nationale de l’UNESCO,
des jeunes de deux (2) villages dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, ont été
formés, sensibilisés et impliqués dans des actions citoyennes à l’endroit de
leur village sans être payés.
Ce genre d’initiative
est à encourager. C’est de la gratuité, dans laquelle la population elle-même s’implique
à 50% et l’Etat à 50%.
Mais plus loin, il
faudra arriver au stade où la population prend elle-même des initiatives pour
son propre développement en mobilisant elle-même les ressources. Il faut pour
se faire réduire l’implication de l’Etat et accroître celle des populations. Rendre
les populations de plus en plus responsables vis-vis du développement locale. Cela
diminuerait la manipulation de la jeunesse de moins en moins oisive.
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