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L'urgente authenticité africaine: l'homme meurt...


La seconde chute


Dans le texte précédent, je me suis attardé sur la ‘’mort de Dieu’’, à présent, je veux parler de ce que j’appelle ‘’la seconde chute de l’homme’’. Ce bref exposé va nous introduire dans l’urgence de l’authenticité africaine. Avant que d’aller plus en avant dans notre tchat (modernité oblige), je vais d’abord parler de la première chute. Elle est exposée dans les livres ‘’saints’’[1]. Le mythe de la genèse pour certains, le récit de la création pour d’autres, dont je fais partie (mdrrr.), expose la théorie la plus complète de la déchéance de l’homme. Je vais vous faire l’économie de tout le blablabla ésotérique et vous le dire dans un langage tellement trivial qu’il risque fort bien de paraître flou.

La chose se présente très simplement  comme suit: Dieu donne à l’homme un interdit. Le jour-J, la femme n'était pas là puisque a été créée plus tard. Mais le diable qui sait que l’homme a reçu l’ordre directement de Dieu, préfère s’adresser à la femme, qui a certainement été informée par Adam, et donc qui n’est peut-être même pas sûr qu'Adam lui ait dit la vérité. Et le diable dit à la femme que ce n’est pas un interdit, mais un pouvoir, parce que si elle brave l’interdit, si elle pousse ses limites, si elle croit en elle, si elle écoute son cœur plutôt que les règles venues de l’extérieur, ils (Adam et Elle) seront ‘’comme’’ Dieu. Ils ne mourront pas, contrairement à ce qu’aurait dit Dieu, mais ils seront semblables à Dieu. Voici ses propos, mot pour mot : « vous ne mourrez point certainement ; car Dieu sait qu’au jour où vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal »[2]. Pour le reste de l’histoire, je vous renvoie au texte biblique, le lire ne vous fera aucun mal, ça sera une connaissance en plus. Bref, ce qui est sûr, c'est que la femme à découvert l’orgueil au moment même de croquer le fruit (certains disent que c’est une pomme, d’où l’expression la pomme d’Adam, d’autres parle de l’acte sexuel, mais franchement, je ne vois pas en quoi la pomme est si sexy).

En quoi donc consiste la première chute ? Eh bien, c’est que Monsieur et Madame Adam vont perdre la présence et l’intimité avec Dieu, l’immortalité et vont être chassés du jardin d’Eden où ils avaient tout à volonté et à profusion, pour travailler et manger à la sueur de leur front. C’est d’ailleurs pour cette raison que le mot travail est lié à la torture (tripalium en latin : instrument de torture). Une fois de plus, si je me réfère au texte de Pic que j’ai cité dans mes articles précédents, l’homme n’a pas su faire bon usage de sa liberté, du libre arbitre et de la pensée, qui contrairement aux autres créatures, est son apanage. Dans la première chute, l’homme passe d’un état d’immortalité, à un état de mortel, d’un état de paix et de jouissance à un état de torture et de dur labeur. Mais il est un homme, un vrai, c’est-à-dire capable de se forger sa propre volonté, de procréer, d’inventer, de construire, de produire, de cultiver, de chasser.

Mais je me souviens qu’une fois, dans le film ‘’The devil avocate’’, l’associé du diable, dans sa traduction française, Al Pacino qui jouait le rôle de façade du super PDG du cabinet d’avocat le plus puissant du monde, mais qui en réalité jouait le rôle du diable en personne, dire : « décidément, la vanité c’est mon péché préféré ». C’est dire que l’homme, ne peut s’empêcher de sombrer dans la vanité. Aujourd’hui, faisons l’état des lieux.


Dieu est mort, nous l’avons dit, en fin, au moins en Occident. Mais l’homme aussi est en train de mourir. Dans Le malaise de la modernité, Charles Taylor résumait en trois malaises, les signes de la déchéance de l’homme : le narcissisme, la raison instrumentale et le despotisme doux.  Le Narcissisme détruit les liens sociaux. L’homme ne pense qu’à lui et lui seul. Il ne s’intéresse qu’à ses richesses, son avenir, sa famille à la limite. Mais rentre dans un bus ou arrive à un arrêt de bus et salue ceux qui s’y trouvent et tu comprendras pourquoi Facebook a autant de succès[3] (Mdrr). Personne ne s’intéresse à ses voisins, sauf quand il y a un problème. Il y a une semaine, je faisais une formation pour être agent commercial et je devais faire du porte à porte. J’étais à mon jour d’essai et la monitrice me disais, « Vous savez Aglousseu, ici, les gens ne parlent pas aux voisins des bonnes nouvelles. Si j’ai un système pour économiser sur mes factures je n’en parle à personne, mais si je vois une surfacturation, j’irai chez le voisin lui demander si lui aussi a eu le même problème ». Je ne vous dis pas ma surprise… ce n’est peut-être pas l’exemple le plus pertinent mais tout de même, on y perçoit l’idée du chacun pour soi.

La raison instrumentale est, en quelque sorte de René Descartes. Vous connaissez certainement cette assertion qui nous invite, par la maitrise des sciences et des arts, à nous faire maîtres et possesseurs de la nature. Finalement où en sommes-nous. Bha, on s’est rendu compte (trop tard) que nous n’étions dans la nature, que comme une goutte d’eau dans la mer. Nous l’avons détruite, et le climat change, ce sont les tsunamis, les tremblements de terre, les inondations et des tempêtes qui portent des noms d’homme ou même El Niño, la fameuse sécheresse venue des mers dont le nom fait référence à l’enfant Jésus, qui nous menacent de toute part. Autre conséquence, l’homme lui-même a perdu de son humanité. Nous ne sommes plus que des numéros d’identification. Pis, la sélection naturelle s’est introduite dans la vie courante. Nous ne sommes plus dans les théories darwiniennes ou lamarckiennes. L’ex-président Français, Nicholas Sarkozy parlait d’ ‘’immigration sélective’’. Mais au quotidien, l’employeur, n’attend que les résultats, les chiffres, les courbes, les données, les prévisions, l’atteinte des objectifs. Si tu n’es pas efficace, désolé, on va se passer de toi, sans état d’âme. On te recrute, on t’utilise, on te jette et tu finis en numéro d’étiquette dans une morgue.


Le despotisme doux, c’est le pire des malaises. Dans toutes les rues des caméras, nous allons voter, alléluia !!! Mais difficile de déjouer les sondages et les prévisions des prêtres, sacrificateurs et prophètes des temps modernes : les experts, les analystes, les éditorialistes, bref, les spécialistes… l’homme se sent tellement inutile qu’il préfère s’abstenir du jeu politique. Il suffit juste de prendre en compte le taux d’abstention aux présidentielles et législatives françaises et on en a plein la vue.

L’homme se sent tellement seul, qu’il préfère s’acheter un animal de compagnie, lui au moins ne le trahira pas. On passe du temps avec lui, on peut même déménager pour qu’il ait une maison plus grande. On peut donc léguer sa fortune à un chien, un chat, un poisson, un lapin, un oiseau etc… si on n’a pas les moyens de s’en acheter un, de le nourrir et de payer ses frais d’assurances et autres, on reste, désespéré, devant son écran, à manger du McDonalds et à jouer des jeux en ligne avec des amis virtuels.

L’homme ne sert plus à rien, l’ordinateur prend de plus en plus de place, on installe des compteurs d’électricité intelligents pour éviter de payer le personnel qui va se déplacer pour faire des relevés de compteurs,  et le nombre de chômeurs s’accroît.

Bienvenu dans le XXIè siècle, le siècle de l’humanisme !


Le danger ici, c’est que nos Etats africains, surtout les Etats francophones ont tendance à tout copier sur les colons. Je parle de la laïcité, la sécularité, la démocratie, le système éducatif, administratif… bref, nous copions tout. Nos intellectuels se sentent de plus en plus obligés d’être neutres sur les questions religieuses, de lutter contre nos pratiques traditionnelles, de se conformer aux exigences de la mondialisation… c’est là le danger, mais surtout l’urgence d’une authenticité africaine pour contenir ce génocide humain, silencieux et non criminel.

Mais comment y parvenir ?



[1] Je mets les griffes parce que l’idée ne fait pas l’unanimité. Mais je pense que ce n’est pas pour autant que les écrits de ces livres ne sont pas Saints. Il faut à un moment donné croire, c’est d’ailleurs l’enjeu de tout ce verbiage.
[2] Genèse 3 v 4 – 5 .
[3] Lire à ce propos mon article sur le nouveau mur des lamentations.

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