On dit généralement que la
jeunesse est l’Afrique de demain. C’est du grand délire (Mdr), c’est bien cette
assertion qui rend difficile la transition générationnelle et qui crée parfois
les conflits intergénérationnels. Je ne suis pas en train de dire que la
jeunesse n’est pas le devenir d’une Nation, ça serait idiot de le dire, mais je
dis plutôt l’erreur voire l’occultation qu’on invite dans l’histoire quand on
soutient que la jeunesse doit se satisfaire d’attendre demain.
En fait, le constat est clair que
la jeunesse est déjà l’Afrique d’aujourd’hui, il n’y a que celui qui refuse de
voir et non l’aveugle (parce qu’il entendrait au moins leur voix), qui peut se
contenter de voir le contraire. Dans le jeu politique d’aujourd’hui, la
jeunesse est la variable la plus importante. En 2016, l’Afrique avait 41% de sa
population âgée de moins de 15 ans, soit 498.613.300 et un âge médian de 20 ans
en 2012. Cette masse de jeune est celle qui est la plus active pendant les
périodes électorales, elle est envoyée au ‘’front’’ pour militer, pour s’opposer,
pour marcher, pour élire, mais aussi, malheureusement pour mourir. Une fois les
élections terminées elle retourne à ses besognes quotidiennes : chômage,
délinquance, drogue, cigarette, boisson, grossesses précoces etc. c’est un
schéma bien sombre, mais qui n’en est pas moins réaliste, n’en déplaise au
panafricaniste ou afro-centriste. La réalité est que la jeunesse est utilisée
comme caisse de résonnance par les politiques, comme bouclier et comme arme au
moment de l’affrontement. Mais c’est tout à fait normal. D’autant plus qu’une
très grande partie de cette population est analphabète.
En effet une grande partie de ces jeunes est encore
au stade de la connaissance par ouï-dire, si nous voulons recourir aux formes
de connaissance Spinoziennes. ceux-ci voient, entendent et ressentent, c’est tout,
pas plus d’objectivité ni de distanciation. Ils sont la masse, la véritable et
bonne masse dont a besoin le politicien, le faux et mauvais politicien qui
malheureusement sont légions en Afrique tout comme partout ailleurs. Ils ne savent
pas que personne ne libère personne, personne n’est la solution, ni l’homme de
la situation, que personne n’est le père de la nation de naissance ou de droit,
que ces faux maîtres sont en fait que des serviteurs, de simples ministres
assignés à l’exécution d’un ministère. Quand bien même ils sauraient toutes ces
choses, quand bien même ils sauraient la vérité, ils sont liés, tels les hommes
de la caverne platonicienne par les chaînes de la faim, de la pauvreté, du
tribalisme etc. Finalement ils ont le choix entre rester et prier (les églises se remplissent), mourir ou partir de l'autre côté. Les ouï-dire disent que là-bas la vie est meilleure, l'Euro fait 655 fois le Franc CFA. Pour se convaincre de faire le bon choix, ils se disent qu'après tout ce n'est que justice, c'est une dette à rembourser (la fameuse dette coloniale)... Et la suite on la connaît: naufrage dans la Méditerranée, ou alors le statut de migrant... Loin de la mère patrie à chercher le bonheur sous d'autres cieux. Tiken Jah le souligne bien: "c'est pas l'enfer ni le paradis d'être un africain à Paris''. [Silence...]
Bon, je crois que le tableau que je peins est assez noir comme
ça, on y voit presque plus rien. Mais ce que je veux dire c’est que la jeunesse
est manipulée, mais aussi égarée à cause de son ignorance, de son oisiveté, de sa pauvreté etc. et
on espère vivement que les choses changent.
Heureusement, les choses ont
commencé à changer. Les jeunes ont commencé à prendre leur destin tant
singulier que collectif en main, et on voit émerger à notre grand bonheur de
plus en plus de jeunes qui se donnent pour mission d’éveiller la conscience de
leur génération. Ils ont compris qu’ils ne peuvent pas se contenter d’être mis
dans une boîte de conserve en attendant demain. Ils ne veulent plus faire le
beau temps des autres et gémir dans la froideur de la nuit. Ceux-là,
heureusement, sont de plus en plus nombreux. Seul ou en association, en
entreprise ou dans le social, dans des ONG ou dans le service public, ils
passent un message d’excellence et d’abnégation, de courage et d’espoir. Ils
délient leur langue pour délier la conscience de leurs frères, ils prennent des risques
pour assurer la sécurité des autres jeunes. Ils donnent à la variable jeune sa
vrai place dans le monde politique, économique et sociale, une place positivement
active. C’est le cas par exemple, en Côte d’ivoire de Aubin Guiako, ou Edwige GBogou
dans le domaine des TIC.
Il y aussi Daniel Oulaï, fondateur de la Grainothèque, qui participe au festival l’Alimenterre, et qui fait partie des 30 jeunes ayant fait bouger le monde francophone cette année mais aussi Tea Zachée Président de l’ASBL Kouady centre d’incubation et meilleure
organisation de jeunesse du grand-Ouest, dans le domaine de l’agriculture ; le Sénat des Jeunes de Côte d’Ivoire dans le domaine associatif ; la montagne Webtv et Ose Tv dans le domaine de la communication web pour ne
citer que ceux-là. Sans être sous la tutelle d’aucun parti politique, ces
jeunes œuvrent pour redorer le blason de la jeunesse africaine et lui rappeler
le rôle qu’elle a à jouer aujourd’hui, en Afrique.
Il faut maintenant relever le
défi de l’authenticité, c’est – à – dire de la production d’un modèle de développement
africain, qui sans être une fausse copie ou une copie calquée sur l’autre côté
n’en demeure pas moins compétitive. Pour cela, la jeunesse doit relever un autre
défi, celui de la désaliénation culturelle. Ce n’est pas la chose la moins
difficile à faire, parce qu’il s’agit de s’attaquer à des siècles de mensonge. Mais
elle demande une certaine dose d’humilité, de respect des aînés et de patience
que les jeunes d’aujourd’hui sont en train de perdre malheureusement. C’est le
moment de reconsidérer un vieil adage : « si jeunesse savait, si
vieillesse pouvait ». C’est de loin un appel au brassage générationnel, de
peur d’être comme les gens de l’autre côté, une génération de colériques qui
construit son avenir sur une perpétuelle révolte contre le passé, une quête effrénée
de rupture d’avec la tradition, qui n’a de rapport avec le passé que pour le tourner
en dérision. Une génération orgueilleuse qui croit tout savoir mais qui au fond
ne sait rien du tout, une génération d’individus qui peine à se réaliser comme
société.
Pour notre part, il semble que c’est dans un retour à la tradition, un
mariage entre modernité et tradition que pourrait se trouver notre avantage.
Nous construirions ainsi un avenir solidement ancré dans des valeurs
collectives qui construiront un africain commun solide, et qui, comme depuis toujours,
traceront une destinée glorieuse certes, mais surtout valeureuse. Nous pourrions
être des êtres calmes et apaisés, pacifiques et pieux, ayant fait la paix avec
nous-mêmes et avec nos pères.
L’espoir est permis. Car la
génération dorée africaine est en marche, partout dans le monde, elle entonne l’hymne
d’une Afrique qui se fait belle, d’une Afrique qui revient à pas de géant, une
Afrique parée de sa tradition et tenue par la main de ses jeunes. Il faut
garder espoir. Gardons espoir !!!
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