Aujourd’hui,
alors que s’ouvre le plus grand forum agripreneur de l’Afrique francophone dans
l’ouest de la Côte d’Ivoire (Fepro-AGR[1]),
par une conférence de presse animée par Daniel Oulaï, Ceo de Grainothèque[2]
et membre fondateur de www.montagnewebtv.ci [3],
je me permets de m’arrêter un instant sur cet événement en particulier et sur
le rapport de l’africain à l’environnement en général. Il s’agit ici de lever
le voile sur un des programmes de développement les plus porteur d’espoir pour
la jeunesse, les populations vivant en zone rurale et l’agriculture africaine.
Qui est
Daniel Oulaï ? un spécimen ! des jeunes comme Oulaï ne courent pas
les rues, en Côte d’Ivoire, on peut affirmer sans courir le risque de se tromper qu’il
est un des jeunes les plus influants de sa génération en matière d’agriculture
et surtout du mariage entre technologie et agriculture. Fondateur de plusieurs
centres d’incubation en la matière, de trois grandes associations de Jeunesse,
d’une webtv et de la startup Grainothèque, pour ne citer que ceux-là, M. Oulaï
oeuvre à sa manière pour redorer le blason de l’agriculture ivoirienne. Son combat
est au fond un combat pour la liberté et l’autonomie de la jeunesse africaine
par le travail. Son action courageuse en faveur de la jeunesse et de l’environnement
a été récompensé par plusieurs prix nationaux, sous-régionaux et internationaux.
C’est dire que le super héros de l’agriculture est digne d’un Oscar… Bref.
Gauche- Droite: Daniel Oulaï, Josias Ambeu et Aglousseu Koya
lors de la conférence inaugurale du Fepro 2016 (3è édition).
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L’idée du
Fepro-AGR. C’est l’idée d’une rencontre entre toutes les parties prenantes de la chaîne économique agricole depuis le cultivateur, le planteur jusqu’au
consommateur en passant par les professionnels de l’achat, de la transformation
et de la vente. On comprend donc l’intention : la mise en réseau. Il s’agit d’ouvrir chaque maillon de la chaîne aux autres, pour que tous comprennent
le processus de l’un et de l’autre maillon d’une part, puis d’autre part de
mettre les acteurs en réseau pour faciliter et rentabiliser la
commercialisation. Et puis, il est aussi question d’une autre part, en marge de
la mise en réseau, d’échanges et de partages d’expérience entre entrepreneurs,
startupers et amateurs du monde agricole. Cela le Fepro AGR le fait très bien
depuis 5 ans, depuis sa première édition à Man jusqu’à la cinquième qui aura
lieu les 22, 23, et 24 Février 2018 à Danané, département du district du Tonkpi,
dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Enfin, il est question de faire la promotion
des entrepreneurs et marchés locaux montrer les opportunités que peut offrir la
région. Les conférences qui y ont lieux tournent autour d’un thème général et
touche les notions du respect de l’environnement, de l’écologie, de l’écocitoyenneté,
des éco-gestes, bref, autour du respect de l’environnement et de sa préservation.
En mettant en exergue l’utilité de l’assainissement du cadre de vie et de
travail, les populations rurales sont initiées à des concepts parfois trop
abstraits et y sont familiarisé dans le langage local et part le biais de la
culture locale. Le thème de l'édition de cette année est : "Jeunesse rurale et
emplois verts : enjeux et solutions adaptées aux territoires''.
Comment
promouvoir la protection de l’environnement par la culture africaine ?
Rien de plus simple. C’est par une forme de recours aux origines tel que promu
par Cheikh Anta Diop et son disciple Ramsès Boa, mais aussi tel qu’exposé dans
les aspects de la civilisation africaine
d’Ampaté Bâ. La culture africaine est foncièrement animiste, c’est-à-dire
qu’elle donne une âme à la nature, à l’environnement, une âme divine parfois. Et
donc elle est par essence encline à la vénération de la nature. Ce sur quoi
porte l’écologie aujourd’hui, c’est-à-dire traiter de la nature comme une
entité, l’alter ego de l’humanité, est quelque chose que nous pratiquions
depuis des millénaires. La ‘’civilisation’’ occidentale de l’époque impérialiste
a jeté ces croyances dans la boue, pour créer un désintérêt des indigènes vis-à-vis
de leur environnement et le pouvoir mieux piller. Mais ces pratiques ont perduré
par le schème des forêts sacrées et non celui de forêt classée qui est un concept moderne.
Dans la sacralité de la forêt se jetait un rapport de respect à l’environnement,
aux métiers qui s’y rapportent (agriculture, sculpture, chasse, pêche etc…) et
aux êtres qui y vivent. De cette manière l’excès était contenu, on ne tuait des
animaux que pour la nourriture et pas plus, tout en s’assurant de la pérennisation
de l’espèce (ne pas tuer les petits, les femelles en gestations etc.). Il en
était de même pour la flore. Aussi le principe du Totem favorisait-il ce
principe animiste.
Aujourd’hui,
alors que l’urbanisation croissante, la quête du profit et surtout la perte des
valeurs traditionnelle s’accroissent, et que les jeunes vendent les terres, jadis
sacrées, pour aller à l’aventure, le discours du respect de l’environnement, du retour à la terre et
de la conservation des graines semencières qui s’inspire de la culture
africaine a ce double avantage : participer à l’affirmation authentique de
l’Afrique et contribuer à son développement responsable. C’est en substance ce
que fait chaque année encore plus Daniel Oulaï et les jeunes qui l’accompagnent
dans le concept du Fepro-AGR. Un tel projet de vie ne peut manquer de capter
notre admiration et épouser notre engagement. Vivement le Fepro 2018 et qu’une
fois de plus, l’Afrique se réconcilie un peu plus avec elle-même et avec sa
terre, son environnement, son agriculture.
[1] Festival
de Promotion des Activités Génératrice de Revenus.
[2] Startup qui
promeut la promotion et la conservation des semences naturelles par une
bibliothèque de grain pour lutter contre l’avancée des OGM et la pauvreté des
paysans en renforçant leur résilience.
[3] Web tv
citoyenne et participative pour la promotion de l’entrepreneuriat jeune dans le
domaine des tic et de l’agriculture
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